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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 09:59

Mark Wahlberg aurait affirmé* que le flamboyant plasticien Darren Aronofsky serait admiratif du cinéma des frères Dardenne. Une phrase de cet acabit a de quoi terrasser les détracteurs du cinéma de la pornographie sociale (mes amis me comprendront). Découvrir cette information après la projection de The Wrestler est préférable pour éviter de recourir à l'ingestion d'anxiolytiques. On aurait pu craindre le pire : un esthète artificialiste partant à la rencontre du minimalisme poisseux et faux jeton de nos amis wallons, il y a de quoi en perdre sa foi dans le cinéma. Oui, le  cinéaste prometteur de Brooklyn s’est inspiré de cette formule, et oui, il a transcendé littéralement les enjeux de ce type de cinéma.


A la sortie The Wrestler, me voilà rassuré. Bah oui, Aronofsky ne nous a pas joué son grand inquisiteur du cinéma documentaire qui se veut vrai, empreint de la vérité, et cachant son écriture et sa construction. Il a fait un film sincère, authentique certes dans la manière de capter respectueusement et sobrement l’émoi et les turpitudes de l’Amérique profonde, mais surtout il ne cesse jamais de nous montrer que ce cinéma est écrit, et qu’il n’est pas du faux documentaire niant l’artifice et la construction pure de l’artiste. Le procédé formel est en dialectique avec l’écriture ; les raccourcis, en phase avec le cadre.


Le monde n’a de sens seulement quand on le personnalise. Non seulement le vrai ne se cueille pas, mais plus encore, il ne se copie pas à l’écran en s’offrant au spectateur par quelque dissimulation que ce soit de sa construction. Les auteurs sont des hommes qui (dé)forment volontairement la réalité pour offrir une vision, une manipulation qui leur parle. Nous ne sommes touchés que lorsque justement, on se sait manipulé par un auteur, et mieux encore, quand on manipule ce monde avec lui. Qu’y a-t-il de plus triste que le monde tel que veulent nous offrir les chroniqueurs médias et autres radios d’informations anxiogènes ? Pour donner de l’envie d’avancer, d’écouter, de partager, il faut que ce monde soit volontairement faussé et assumé artistiquement.

Je remercie des artistes comme Mickey Rourke et Darren Aronosfky de jouer les grands manipulateurs de notre monde, et surtout de nous rappeler que l’essentiel au cinéma n’est pas forcément de raconter le sujet qu’on ignore, mais plutôt de nous montrer comment raconter une chose qui nous est mitoyenne mais qu’on n'aurait jamais vue de cette façon.

*Entretien récent paru il y a quelques mois dans la presse cinémtographique française.

 

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