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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 17:45

best of 2009 so far

Après quelques jours de réflexion et de digestion, mon best-of 2009 est enfin prêt. Pas forcément définitif, mais assez mûr pour être publié et commenté. Il faut dire que l'exercice n'est pas facile car l'année 2009 a été plutôt bonne. Contrairement à ce que laisse entendre notre ami Startouffe (dont la déception relève davantage de sa sévérité accrue que de la disette cinématographique 2009), sur les 63 films sortis en 2009 (34 au cinéma et 29 @home) que j'ai vus, près d'un tiers m'ont laissé un souvenir mémorable.

Le premier fait marquant de cette année est la place très importante occupée par le cinéma d'animation. Sur les 10 films que j'ai sélectionnés dans mon Top 10, 3 sont des films d'animation (4 dans le Top 15). C'est une première en ce qui me concerne, et j'imagine que je ne dois pas être le seul parmi les cinéphiles du monde entier à avoir littéralement craquer sur des petits bijoux comme Mary et Max, Coraline ou plus proche de nos contrées nord-européennes : Panique au village. Les studios Pixar nous ont encore gratifié d'une pépite qui vieillira aussi bien que son personnage principal malgré ce que peuvent laisser croire les mauvaises langues. (rrr)

Les déceptions ont été bien évidemment du côté des metteurs en scène préférés. Parmi ceux-ci, Michael Mann avec son Public enemies très vide dans son propos. Sa mise en scène peu inspirée ne nous rappelle en rien le talent fou de celui qui a réalisé l'expérience Collateral ou Heat.
Ma deuxième déception de l'année est le film encensé de Jacques Audiard Un prophète, qui a secoué la planète cannoise et la blogosphère cinéphile, si l'on en croît les différents sites gérés par Allociné et consorts. Alors, j'assumerais bien solitairement cette négativité dans ce titre, qui pour moi est davantage du ressort du cinéma-sujet qu'on a déjà eu l'occasion de discuter sur ces pages, que de l'exercice de cinéma. Si Audiard n'est peut-être pas les Dardennes, il invente peu dans la langue cinéma, et exulte surtout à montrer un universel très peu exposé dans le cinéma français : la maison carcérale. Faisant fi ou presque de l'expérience sensorielle et psychique que représente la vie en prison, Audiard a choisi d'aborder la prison et l'existence du prisonnier sous l'angle de la construction des réseaux et des clans. C'est un choix personnel discutable tant il aurait été judicieux de sensibiliser le public par une imagerie plus audacieuse.Toujours est-il que l'on se faufile de pièce en pièce un peu comme le vent qui s'engouffre à travers les portes entrouvertes. On file, mais on ne s'arrête pas ou peu, la faute sans doute, à un pouvoir de captivité visuelle des plus faiblards. Il y a peu d'investissement dans l'interprétation des acteurs et peu d'entrain dans leurs convictions. On a reproché à Audiard son manque d'originalité par rapport à la série TV Oz (créée par Barry Levinson et diffusé sur HBO). Or, Un prophète n'a justement rien à voir avec Oz et sa puissance qui jaillit des dialogues entre détenus. On vit, on tremble, on souffre avec plus de conviction dans la série américaine que dans le film français.
 

Après avoir étalé les amertumes de 2009, passons enfin à la liste des nominés. Sur les 10 films suivants, 3 ont gravé une place indélébile - ou presque - dans mon panthéon personnel. Les 7 autres se disputent la hiérarchie sans parvenir à faire respecter un ordre de passage.


Slumdog Millionaire
1. Slumdog Millionaire de Danny Boyle

Depuis sa sortie en janvier dernier, ce film n'a jamais quitté mon esprit. Danny Boyle a montré une nouvelle fois qu'il était un formidable producteur d'émotions purement cinématographiques. Contrairement à tant d'autres réalisateurs, il a le talent précieux de conjuger cinéma avec expérience sensorielle. Le cinéma est un un espace qui transporte, qui émerveille, qui brutalise, qui émeut. Sa force, sa puissance résident dans ce formidable moteur qu'est le cinématographe, c'est à dire cette machine à mouvement qui a tant fait vibrer le coeur et la raison des spectateurs depuis des décennies.
Slumdog ce n'est pas un scénario, mais une mise en scène envolée, énergique qui est une expérience de vie abracadabrantesque mais pas moins vraie dans les émotions des hommes. Aucun ressort littéraire dans sa construction si ce n'est le principe usée de la féérie, mais une véritable histoire d'images et de son qui racontent par eux-mêmes ce déluge de bons et mauvais sentiments. Slumdog, c'est le cinéma dans tout ce qu'il a de plus grand et fort : c'est un véritable morceau de vie fabriqué pour démontrer que les films sont des oeuvres créées non pas par des caméras mais par des artistes de la caméra.





affiche-cine-du-film-jusqu-en-enfer.jpg
2. Jusqu'en enfer de Sam Raimi

Présenté hors compétition au festival de Cannes, Jusqu'en enfer a fait parlé de lui. Certains journalistes ont même suggéré l'idée que si ce dernier avait été parmi les "palmables", il aurait pu décroché un titre. Alors pourquoi tant d'estime ? Et bien, les vieux de la vieille (qui a dit moi ?) ont suivi avec intérêt la montée en puissance d'un cinéaste né dans les litres de plasma homemade. Le créateur de la trilogie mythique Evil Dead, du tonqiue et déjanté Mort sur le grill (écrit par les frères Coen) et du peu connu mais très bon Darkman revient au genre qui l'a rendu célèbre : l'horreur. Et il faut bien avouer que Sam est un maître de la dure espèce, celui qui n'est pas impressionné par la vague de torure pornographique qui a déferlé avec Saw-cisse et bientôt Saw-sette. Plus qu'un plaisir coupable de cinéphile nostalgique de l'horreur old-school, Jusqu'en enfer est une véritable leçon de cinéma. Sam Raimi montre que l'horreur ne se conjugue pas nécessairement avec hémoglobine et pièges sadiques à la con. Les ressorts du film d'horreur ont bien plus à voir avec la qualité de la mise en scène, du montage que de la qualité de l'histoire à proprement dite. Susciter l'effroi est un exercice très difficile tant les clichés ont été usées au moins jusqu'à disparition de la pellicule. Il faut revenir à l'essence de ce qui fait peur : mettre le spectateur dans la peau du personnage. Prendre plaisir à le faire sursauter comme on prend plaisir à faire souffrir son actrice. Et il faut bien avouer, que dans ce registre, Sam Raimi excelle ! La petite Alison Lohman mimi tout plein est le jouet fétiche du réalisateur. Avec son allure bonhomme et sa naïveté navrante, elle est la poupée vaudou idéale pour planter sa caméra. Et puis, il y a la Sam Rami's touch, ce côté comédie horrifique que tant d'amateurs d'Evil Dead et de Bruce Campbell attendait le retour. Le rire comme bouclier face à l'horreur et la peur, voilà la recette bien comprise par tous les maîtres de l'horreur. Faire rire ou faire peur, c'est un talent en soi ; faire rire et peur, c'en est un autre, qui est doublement périlleux, surtout quand la comédie horrifique devient potache et kitsch. Et bien Jusqu'en enfer, c'est le rire et la peur en même temps, au sein de la même poussée émotive. Un moment de pur plaisir horrifico-goro-comique parfaitement orchestré qui constitue une prouesse rare et hautement louable ! Un pur moment jouissif de cinéma qui marque d'une pierre blanche l'année 2009 !




grantorinog3. Gran Torino de Clint Eastwood


La fin d'année 2009 a été marquée par l'intromission d'un débat politique et sociétal particulièrement houleux : "l'identité nationale". A droite comme à gauche, les diatribes ont été nombreuses, mais rares ont été les interventions pertinentes. Curieusement, c'est un film américain sorti au début de l'année qui aurait pu être une formidable démonstration sur ce qu'est l'identité nationale, voire du nationalisme "doux", moderne.
Ce film très académique dans sa réalisation n'est pas moins empreint d'une très belle leçon de vie, quand il n'est pas tout simplement le testament autobiographique d'un homme au passé riche, regardant dans son rétroviseur pour mieux proposer ce qui sera, pour lui et le reste de ses compatriotes occidentaux, un exemple du comment vivre ensemble.
Clint incarne un "Average Joe" (Américain moyen) patriote convaincu, acariâtre et rigide sur les traditions et le respect de l'ancienneté. Ce patriotisme exacerbé est exercé par un américian d'origine polonaise, entouré d'autres Américains anciennement Italiens ou Irlandais, appartenant aux générations pionnières de l'immligration. La tension raciale n'est finalement qu'un quiproquos sur ce qui pourrait constituer le sentiment d'appartenir à une nation : l'attachement à une terre, l'échange et la compassion pour ses congénères. Avec toute la fragilité qui lui est du, Clint brosse un portrait moderne de l'Amérique pour toutes les générations. Un grand film, une force tranquille.





panique.jpg4. Panique au village de Vincent Patar et Stéphane Aubier


4ème film du classement mais 1er film d'animation et 1ère très grosse surprise de l'année. Je ne connaissais absolument rien des réalisateurs, de ce qu'ils avaient auparavant produit, et rien de ce que cet OVNI racontait.
Panique au village est un film réjouissant et épuisant. C'est le petit Michel Gondry qui joue avec ses jouets en ayant pris de la méthamphétamine (celle de Walter White de Breaking Bad). Epuisant, parce qu'il n'y a aucune régularité, aucun cycle qui facilite la compréhension et repose votre cerveau. C'est un univers d'enfant qui ne respecte aucune convention sociale ou physique. C'est d'ailleurs cette liberté qui donne à ce film son côté absolument jouissif et rassurant quant à la bonne santé des artistes de cinéma.
Le film d'animation a ce privilège de pouvoir dire absolument tout dans un univers qui s'affranchit finalement de l'incrédulité des spectateurs. Contrairement à un film dirigé et mis en scène par le biais d'acteurs dans un décor à portée humaine, l'animation peut transgresser toutes les limites physiques pour exprimer des thèmes et un discours plus important sans que celà gène le public. Et on peut dire que dans le genre, nos deux réalisateurs se sont clairement amusés ! Il n'y a de limite à leur créativité que celle de la durée et de la capacité des spectateurs à la supporter.
C'est un véritable festival d'actions, de sens, de mots qui forment un imbroglio qui n'a de sens que dans le monde des enfants. C'est l'anarchie créatrice infantile portée aux yeux des Grands. Indiens et cowboys sont amis, vivent avec un cheval parlant avec l'accent belge dans un univers où villages, monde aquatique et polaire se franchissent par des puits ou échelles. Un film incroyable, le rêve de tout enfant et de tous ceux qui aiment découvrir des artistes libres !
Hautement recommandé !



district.jpg5. District 9 de Neill Blomka
mp


Tout a été dit ou presque sur ce blockbuster de l'année. Un très grand film qui démontre qu'il est tout à fait possible de conjuguer science fiction et fantastique avec le verbe réfléchir. C'est un film qui réussit là où tant d'autres ont échoué : série B, action fun, drame humanitaire. Et puis il y a cette excellente première partie qui pose avec brio les principes du rapport à l'image. Neill Blomkamp démontre, que sous l'artifice de la forme documentariste, n'importe qui est prêt à croire n'importe quoi. Une piqûre de rappel à tous ceux qui pensent que le documentaire donne Le vrai quand le cinéma, celui à grand spectacle, n'est qu'action décérébrée et rammassage de billets verts.
 




mary-et-max.jpg6. Mary et Max
de Adam Elliot



Deuxième film d'animation dans ce classement, et autre très belle surprise de cette année. Un film qui a une vraie personnalité visuelle et narrative, guidée par une photographie très inspirée. Alors, c'est imple, il s'agit sans doute de l'un des films qui parle le mieux de la maladie mentale. Excepté Birdy de Alan Parker et Clean, shaven de Lodge Kerrigan, chacun dans un registre différent, le film de Adam Elliot a l'audace d'évoquer les relations lointaines mais naturellement dérangeantes entre un malade américain et une petite fille australienne. Jamais complaisant ni provocateur, c'est un film qui est émouvant et drôle, décalé et noir. Injustement mal distribué dans les salles françaises cette année, ce film mérite toute votre attention à l'occasion d'un visionnage en DVD ou mieux, en Blu-ray, dont la sortie est prévu début février.


morse
            
7. Morse de Tomas Alfredson


Décidément, le début d'année 2009 a été généreux avec les cinpéhiles. Après l'énergie bouillante de l'Inde (Slumdog), le mois de février a été dominé par une froideur suèdoise bien particulière : celle du vampirisme infantile de Morse. Contrairement à un autre film célèbre tourné dans le froid de l'Oregon  mais beaucoup plus frileux sur la représentation des émotions et des sentiments amoureux, le film suédois est un poème mélancolique et macabre qui touche juste à chaque plan. Les marques architecturales, matérielles du communisme d'antan participent à cette drôle de nostalgie maladive qui contaminent nos deux chérubins. Car, et c'est là la grande force du film, les enfants qui tiennent l'affiche de ce très beau film ont infiniment plus de grâce et d'impact  sur le pathos des spectateurs que nos deux jeunes ados qui s'émoustillent vainement devant la caméra de Catherine Hardwicke.
PS: Pas sûr que je me fasse beaucoup d'amis auprès des ados... aïe




noces-rebelles_300.jpg8. Les noces rebelles de Sam Mendes

Je ne reviendrais pas plus amplement sur ce que j'ai déjà écrit l'année dernière au sujet de ce film, mais il est clair qu'avec le recul, le dernier bijou de Sam Mendes se pose d'une certaine façon comme le film le plus mature et précieux sur la représentation de la famille nucléaire américaine post-WWII. C'est d'ailleurs un excellent complément à Mad Men pour représenter l'évolution du couple au cours des années 1950-1960. Un très beau film qui a marqué d'une pierre blanche cette année 2009.






la_haut.jpg9. Là-haut de Pete Docter

Pete Docter a marqué nos esprits avec le brillant Monstres & cie sorti sur les écrans en 2001. Un film pour Petits qui parlent aux Grands ayant eu un large retentissement à travers le monde. Son nouveau film est aussi en quelque sorte une réflexion sur le monde des adultes par les yeux d'un enfant devenu Grand. C'est le retour d'expérience d'un vieil homme sur l'instantanéité du temps et des choses d'une vie. Le propos est profond et très émouvant dès l'ouverture du film si bien qu'on se demande par ailleurs comment il va pouvoir tenir la durée. La deuxième partie du film est certes moins universelle et réflexive, mais elle permet de s'aérer et de doucement ricaner des bêtises un peu has been de nos héros. Un excellent film qui ne démérite en aucun cas le label Pixar qui s'est formé une solide réputation au fil des années.




inglorious-basterds.jpg10. Inglourious basterds de Quentin Tarantino



Malgré tous ses défauts de narration, le film de Tarantino est un trésor de complexité et de talent de mise en scène. L'ouverture du film est une grande leçon de cinéma, quand le film tout entier est une réflexion sur le(s) cinéma(s) et leur manière de communiquer différemment au spectateur. C'est un film qui ne supporte aucun classement ni catégorie, sauf celle peut-être, du méta-cinéma.
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